Journal d’une COP

Journal d’une COP#2

Le Greenwashing à l’index

« Appelons un chat, un chat ! ». Voici comment l’on pourrait résumer simplement le très attendu rapport de l’ONU sur le « Greenwashing » des entreprises. Dans sa présentation, Antonio Gutteres a délivré une leçon de sémantique qui a le mérite de la simplicité et de la clarté, toutes choses qui manquent cruellement à la compréhension des enjeux et la mise en œuvre de solutions efficaces en matière de lutte contre le changement climatique. Sans résoudre pour autant les questions de mise en œuvre et de gouvernance pour réussir ce changement de paradigme.

Retour sur les points clés du rapport :

  • « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée. »: On ne peut pas dire que l’on lutte contre le changement climatique, et en parallèle développer ou investir dans les énergies fossiles (pétrole et charbon notamment). Un seul horizon : sortir définitivement des énergies fossiles pour aller vers les énergies renouvelables.
  • « La valeur n’attend point le nombre des années. » : Exit les systèmes de calculs d’impacts relatifs, sur la durée, en prenant en compte une multitude de paramètres et en considérant que, toutes choses étant égales par ailleurs, etc., etc. Vive la valeur absolue.  Et immédiate.
  • « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement.» : Au principe de « compensation » (des émissions), qui conduit à une certaine forme de statu quo, la bonne conscience en prime, doit se substituer le principe de « suppression » (des émissions).

“Si le rapport de l’ONU a le mérite de tracer une route claire et radicale, en prônant par ailleurs une simplification des indicateurs, il ne résout pas réellement la question de la gouvernance et du pilotage.”

Si le rapport de l’ONU a le mérite de tracer une route claire et radicale, en prônant par ailleurs une simplification des indicateurs, il ne résout pas réellement la question de la gouvernance et du pilotage. En effet, au sein de quelle instance mondiale et sur la base de quel référentiel partagé pourra-t-on acter ses « lignes rouges » et accompagner la transition des entreprises et institutions financières vers ce nouveau modèle ? Le système doit-il demeurer incitatif ou devenir contraignant ? Et qui en décidera ?

C’est là que la stratégie du Secrétaire général de l’ONU de parler directement aux entreprises depuis le début de son mandat prend une dimension particulière. Derrière ces interpellations et l’engagement fort de l’ONU sur le Climat, on ne peut s’empêcher de penser à un grand retour du multilatéralisme, même si ceci parait aujourd’hui totalement contre-intuitif dans le contexte géopolitique actuel. 

 Si désormais l’ONU parle directement et également aux entreprises, qu’est-ce que cela implique sur leur rôle et leurs responsabilités demain pour piloter la mutation vers des modèles de développement durables au niveau international ? Et qu’en pensent les entreprises ? Voilà un rapport qui serait lui aussi formidablement intéressant à lire.

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