Publications

L’ONU en appelle aux entreprises. Répondront-elles ?

La promesse de l’ONU telle qu’exprimée officiellement est la suivante : “Paix, dignité et égalité sur une planète saine”. Et son organisation :  celle d’un forum mondial (le principal) où les pays (193 Etats membres aujourd’hui) peuvent “soulever des questions, discuter des problèmes les plus complexes et y apporter une réponse commune”. Vaste ambition dont force est de constater que la promesse est difficile à tenir tant les dissensions voire les antagonismes entre Etats membres (et ce jusqu’au niveau du Conseil de Sécurité…) ont pu reléguer l’ONU au rang de rêve pieu et de structure ankylosée par de trop nombreux compromis, pour faire face aux défis mondiaux.

Copyright. Gilbert Garcin
Copyright. Gilbert Garcin

Et pourtant, le shift opéré récemment par son Secrétaire Général, Antonio Guterres, est particulièrement intéressant. Et si désormais, il ne s’agissait plus seulement pour l’ONU de mobiliser les Etats mais aussi les entreprises, en tant que parties du problème et de la solution ? Entreprise, acteur non seulement géopolitique mais aussi Onusien ?

Trois interpellations d’Antonio Guterres vont dans ce sens :

  • Son adresse, le 25 mai 2022, lors de la remise des diplômes aux étudiants de l’Université de Seton Hall (États-Unis) : «   Mon message pour vous est simple. Ne travaillez pas pour les destructeurs du climat. Utilisez vos talents pour nous conduire vers un futur renouvelable.”

Son appel, au Sommet de Stockholm le 1er juin 2022, à se passer du PIB comme indicateur du poids économique des pays, en le décrivant comme un système comptable « qui récompense la pollution et les déchets » : « N’oublions pas que lorsque nous détruisons une forêt, nous créons du PIB. Lorsque nous surexploitons, nous créons du PIB. Le PIB n’est pas un moyen de mesurer la richesse dans la situation actuelle du monde ».

Enfin, son interpellation directe aux entreprises, le 4 juin 2022, lors de la Journée Mondiale de l’Environnement : « Les entreprises doivent placer la durabilité au cœur de leurs décisions, pour le bien de l’humanité comme pour celui de leur chiffre d’affaires ». […] « Chacun et chacune d’entre nous doit faire les choix qui comptent, qu’il s’agisse des politiques que nous soutenons, des aliments que nous consommons, des moyens de transport que nous choisissons ou des entreprises à qui nous donnons notre argent ».

Entreprise, acteur non seulement géopolitique mais aussi Onusien ?

Entre nouvelles générations qui portent une responsabilité (lourde à porter) dans les choix d’entreprises (et donc de modèles) qu’elles choisiront de faire perdurer, entre entreprises dont les financements demain seront de plus en plus soumis à la réalité de leurs engagements sociétaux et environnementaux et face au débat (important) sur l’indicateur pertinent à suivre pour évaluer les progrès en matière d’égalité, de protection de l’environnement et de droits humains, quelles entreprises répondront à l’appel ? Et pour proposer quel nouveau projet ?

Télécharger le PDF